GENEVIÈVE NAUDIN, INTERVIEWÉE PAR « LA TRIBUNE DE TOURS », NOUS LIVRE SES RÉFLEXIONS SUR LA DÉCORATION ET LE MÉTIER DE DÉCORATEUR

Geneviève Naudin a créé l’école « Académie de la décoration » d’abord à Paris avant de l’installer à Tours. Elle possède aujourd’hui sa propre galerie d’art de peintures sur bois et oeuvre aussi à l’harmonisation de vos intérieurs. Rencontre.

Vous êtes décoratrice d’intérieur. En quoi consiste exactement votre métier ?

La décoration d’intérieur tient compte de l’ancien et du nouveau. Il s’agit de créer un intérieur contemporain avec un mobilier ancien. Avec un client, je vais travailler en tenant compte du mobilier existant et repenser la pièce de manière à ce que l’ameublement soit défini par rapport à l’utilisation de l’espace des habitants pour une meilleure circulation. Nous allons aborder ensemble le choix des matières, des couleurs à utiliser… selon les goûts de chacun.

Si le client n’a pas d’idées, le guidez-vous vers des décorations types, dites «tendance» ?

Non. chaque maison est unique. Le «pur style» n’existe pas et ce qui est dans l’air du temps aujourd’hui ne le sera plus dans quelques années. Il faut se projeter davantage au loin. Avant de rendre un plan, je me concentre toujours sur l’environnement et le style de la maison.

Comment se passe l’élaboration du projet ?

D’abord, un entretien. Il peut durer parfois deux à quatre heures et à la fin, je sais ce dont la personne a envie. Ensuite, je dessine une ébauche du projet et conseille les habitants : les couleurs, la place des meubles, les ouvertures si besoin… Notre collaboration peut s’arrêter là et la personne peut faire les travaux seule ou faire appel à différentes entreprises. Autre choix : nous poursuivons et matérialisons ensemble le schéma. Il y aura ensuite un suivi des travaux.

En terme de budget, on dit que c’est coûteux de faire appel à un décorateur…

Cela ne va pas coûter plus de 5% du budget total des travaux. Et bien souvent, des choix intelligents font même économiser de l’argent au client. Je ne travaille pas à l’heure, car j’aime passer du temps avec les propriétaires pour bien connaître leurs goûts, mais je fonctionne par forfait en fonction de la surface, du type d’aménagement, de l’ampleur de la tâche… Il peut s’agir d’une maison d’un particulier ou d’une entreprise.

Il y a un véritable engouement en ce moment pour la décoration « faite maison ». Peut-on s’improviser décorateur ?

Décorateur d’intérieur est un vrai métier, car on ne peut pas décorer correctement une maison si on ne la comprend pas. Au sens technique du terme. Il faut prendre en compte la composition des murs, le plafond, les fenêtres, la ventilation, l’exposition et la fonction des pièces et la localisation de la maison… C’est comme quand on habille quelqu’un : il faut tenir compte de sa peau, de sa taille, de la couleur de ses cheveux…

C’est pour cela que vous avez créé une école de formation de décorateurs d’intérieur à Tours…

Oui. Nous l’avons d’abord créé à Paris en 2006 avec Hervé Iniguez dans le but de professionnaliser une passion. Mais à Paris, les élèves avaient des difficultés à se loger alors nous nous sommes installés ici. Six à huit professeurs enseignent à une dizaine d’élèves par session de 7 semaines (288 heures). Il y a deux sessions par an. C’est très intensif. Chaque élève doit se rendre chez un client et pouvoir à la fin de sa formation lui rendre un vrai projet de décoration d’intérieur. Après cela, les élèves s’installent généralement à leur compte.

Vous avez aussi ouvert votre propre galerie d’art rue Georges Courteline à Tours. D’où vous est venue cette idée ?

J’ai fait l’Institut des peintres décorateurs, créé des tissus, des papiers peints, et me suis spécialisée dans la peinture sur bois. Pour les meubles, je travaille avec des ébénistes et je réalise moi-même mes peintures avec de la bière, des oeufs, du vinaigre… Que du naturel.